vendredi 11 mai 2018

La citadelle

La Citadelle Laferrière, patrimoine de l’humanité


Cette année, la ville de Québec fête le 30e anniversaire de son inscription sur la liste des villes du patrimoine mondial de l’UNESCO. Autour du 8 septembre, décrété journée de solidarité des villes du patrimoine mondial, la ville de Québec et ses institutions chargées de la mise en valeur de son patrimoine ont organisé toute une série d’activités pour, une fois de plus, sensibiliser le public et lui faire apprécier le privilège d’être de ce groupe et aussi les responsabilités que cela implique. 

Parmi ces responsabilités, il y a l’engagement pris par les États signataires de la convention avec l’UNESCO de conférer à ce patrimoine une fonction dans la vie des citoyens, de sensibiliser le public aux valeurs de ce patrimoine et d’en améliorer la protection par des programmes d’éducation et d’information. Prenant part à ces activités, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à la Citadelle Laferrière (Citadelle Henry) qui, avec le site de Ramier et les ruines du palais Sans-Souci situés dans le parc historique, font partie, depuis 1982, des sites du patrimoine de l’humanité. Je me suis alors demandé : Qu’est ce qui a été fait hier, qu’est-ce qui se fait aujourd’hui et qu’est-ce qui sera fait demain pour protéger ces éléments si précieux de notre patrimoine?

 Lors de son séjour en Haïti au début des années 1930, le peintre afro-américain Willliam E. Scott (1884-1964) a peint la Citadelle qui représentait à ses yeux un monument élevé au courage et à la fierté de la race noire. Un peu avant lui, en 1929, l’artiste haïtien Pierre Paillère (1904-1958) réalisait une aquarelle montrant la menace de destruction du monument par la végétation. Quelques temps après lui, Jean Baptiste Bottex (1918 - 1979) frère ainé du plus célèbre Seymour Bottex, montrait la Citadelle comme un lieu paisible avec une vue imprenable qui attirait les amoureux. Dans cette aquarelle qui a pour titre «Loin de la ville», on peut apercevoir, au-delà du charme de cette image romanesque, la détérioration de la maçonnerie. En 1946, l’une des premières sinon la première agence de tour prenait le nom d’Agence Citadelle. Plus tard, autour des célébrations du cent-cinquantenaire de l’indépendance d’Haïti, le président Paul Magloire, un homme du Nord, a lancé les premiers travaux de restauration de la Citadelle et l’organisation de festivités, notamment celle présentée au palais Sans-souci. C’est à cette occasion que s’est produite Marian Anderson, célèbre contralto américaine de renommée internationale. C’est aussi autour de ces célébrations que la Citadelle a été prise en photo des centaines de fois. 
Je me souviens qu’enfant, mes camarades et moi savions que «la Citadelle» était la huitième merveille du monde. On le répétait sans vraiment connaître la portée d’une telle désignation et sans vraiment expliquer pourquoi elle se situait ainsi aux côtés des sept autres dont nous ne savions absolument rien. Mais s’il est vrai que cette désignation n’était que subjective, elle disait notre fierté d’avoir sur le territoire une construction aussi remarquable, même si on n'en connaissait l’histoire que dans les très grandes lignes. Depuis, historiens, architectes haïtiens et étrangers ont rassemblé les données nécessaires à écrire l’histoire de ce lieu d’importance. 

Depuis 33 ans maintenant, toute subjectivité est écartée puisque c’est le monde entier qui accueille ces bâtiments parmi ceux qui, pour leur aspect esthétique et pour le rôle qu’ils ont joué, ont marqué l’histoire de l’humanité tout entière. Que savent aujourd’hui nos jeunes de cette forteresse que l’on a dite imprenable?
 S’ils en savent un peu, c’est bien grâce à quelques bloggeurs et aussi aux efforts et à la passion surtout de techniciens qui ont longtemps œuvré à la restauration, à la préservation et à la mise en valeur du monument. Parmi eux, citons Daniel Élie qui a participé à la publication d’un livre superbe sur la Citadelle et plus récemment d’un film documentaire dont les qualités ont été vantées par Claude Bernard Sérant dans Le Nouvelliste. C’est vrai que l’ISPAN (Institut de sauvegarde du patrimoine national) a fait et continue à faire de son mieux. C’est vrai qu’il existe quelques rares publications : un livre électronique touristique d’Haïti, publié par Incas Productions, le site du ministère du Tourisme d’Haïti et le Facebook de la Direction régionale du Tourisme du Nord. Mais tous ces efforts suffisent-ils et quel public touchent-ils? Il y a certes les touristes qui sont visés et c’est normal. Il a été prouvé très justement que l’activité touristique sur un site est renforcée pas son inscription sur la liste du patrimoine mondial, ce qui entraîne alors une plus grande sensibilisation de visiteurs potentiels au site et à ses valeurs exceptionnelles. La promotion d’activités autour de ses valeurs historiques et autres peuvent ainsi en faire une source de revenus, un apport non négligeable à l’économie locale. Mais, mis à part cet aspect économique, que propose une telle promotion pour le renforcement de la fierté nationale, celle de nos jeunes en particulier? 
- Ne devrait-elle pas s’associer à une campagne d’information, destinée plus spécifiquement à ces jeunes? 
Ce serait là, à n’en point douter, un catalyseur dans la sensibilisation à la préservation de notre patrimoine, en général, par les générations à venir.

Gérald Alexis

Le tourisme un secteur économique porteur pour Haiti

Le tourisme : un secteur économique porteur pour Haïti


Le tourisme est un secteur économique vital pour Haïti. Promouvoir le tourisme haïtien, c’est contribuer à un développement socio-économique durable. Haïti est une destination à allécher les étrangers. Dès lors, il est de bon ton d’encourager les entreprises et/ou initiatives touristiques, et de faire du tourisme un véritable secteur créateur d’emplois dans la perspective d’une nouvelle Haïti. La nouvelle Haïti est avant tout une Haïti en plein essor économique. Sans une politique de croissance durable, le développement s’avère difficile. Si le développement est caractérisé par la disponibilité d’un minimum pour assurer la survie et de services de base comme l’éducation ou la santé, il est impliqué véritablement la nécessité d’élargir l’éventail des possibilités d’emplois. À défaut d’emplois, les valeurs et normes sociales risquent d’être reléguées au second plan. Le rêve de la nouvelle Haïti risque d’être relégué parmi les chimères.
En effet, ce changement effectif dans la structure sociale et ce phénomène de transformation sociétale qu’est le développement, est utopique si l’Etat haïtien ne tient pas compte des besoins essentiels qui sont justement des facteurs de croissance économique. Tenir compte de ces besoins, c’est tenir compte, au moins, des critères suivants proposés par la PNUD:

-La productivité qui permet d’enclencher un processus d’accumulation ;

-La justice sociale : les richesses doivent être partagées au profit de tous ou le marché de l’emploi est ouvert à tous;
-La durabilité : les générations futures doivent être prises en compte (dimension à long terme du développement) ;
-Le développement doit être engendré par la population elle-même (nécessité de création d’emplois) et non par une aide extérieure.
Ce sont là aussi des mesures à prendre contre la pauvreté et la misère au gré de laquelle, la structure économique reste déséquilibrée, et l’organisation sociale déstructurée. La théorie des « besoins essentiels » met l’accent sur la notion de « manque ». En Haïti, les besoins fondamentaux de la masse populaire ne sont pas pris en compte (alimentation, sécurité, santé, éducation…).
Pour résoudre ou pallier les problèmes ici posés, il est nécessaire de s’investir dans un secteur inexploité, mais porteur, comme le tourisme. Le tourisme peut, dans l’ensemble des secteurs d’activités, générer un nombre d’emplois infinis. Pour comprendre cela, il faut, d’une part, tenir compte de tous les attraits touristiques, comme la mer, les montagnes, les patrimoines historiques etc. qui ont besoin d’un entretien permanent, et, d’autre part, de l’afflux de visiteurs étrangers. J’invite, ici, à comprendre que le tourisme risque d’être (s’il ne l’est pas encore) un poste excédentaire des échanges extérieurs. D’où une nécessité de création d’emplois, même par la population elle-même.
Par ailleurs, à tenir compte des chiffres publiés par le ministère du tourisme dans un communiqué de la mi-novembre 2014, le nombre de visiteurs étrangers peut s’estimer à plus de 362 980, à compter de janvier 2014. Un nombre de plus en plus croissant. Dès lors, dans le cadre d’une politique d’expansionnisme économique (où la croissance doit être systématiquement favorisée), l’Etat ne doit pas seulement promouvoir les belles plages, et ce paysage pittoresque d’Haïti. Il doit se soucier de tout un éventail historico-culturel haïtien. Haïti est une destination attractive qui a vraiment beaucoup à offrir aux étrangers. D’ailleurs, la Banque Interaméricaine de Développement (BID) a fait récemment un don de 36 millions US à seules fins de mettre en valeur et d’entretenir les ressources historico-culturelles et naturelles haïtiennes sur la côte sud du pays. Un don, à bien préciser, qui s’est inscrit dans le projet de création d’emplois.
A la perspective de contribuer à un développement durable qui requiert une politique de croissance effective, l’Etat haïtien peut tabler sur les opportunités offertes par le secteur touristique où la population peut commercialiser les produits artistiques et artisanaux, où les talents comme poètes, slameurs, danseurs folkloriques, graffiteurs et peintres, peuvent se vendre pour vivre, grâce à l’appui, surtout promotionnel, de l’Etat. Les touristes ne sont pas venus passer seulement des jours en Haïti, mais aussi découvrir ce qui est substantiellement haïtien. Dès lors, il leur faut des guides et interprètes. Ils sont nombreux les jeunes interprètes amateurs et professionnels qui sont en quête d’emploi et qui, pour la plupart, ont des enfants à nourrir et élever. Dans cette optique, l’Etat pourrait bien, d’abord, réaliser une institution qui offre le service d’interprétariat. Ensuite, recruter ces interprètes. Les touristes sauront alors une institution à contacter, en cas de besoin.
Au-delà des opportunités liées au culturel, je pense qu’un programme d’éducation à l’écocitoyenneté est vital, et peut générer des emplois. Ils sont aussi nombreux les étudiants diplômés en sciences de l’environnement qui n’ont pas d’emplois et qui vivent déjà à leurs dépens. Un tel programme viserait à promouvoir un comportement responsable et civique à l’égard de l’environnement et à combattre ce que j’appelle les fléaux de l’environnement, caractérisés par la pollution et les nuisances. Un environnement mal entretenu ne peut que dégoûter les touristes. Les nuisances se définissent comme l’ensemble de facteurs d’origine technique (bruits, dégradations, pollutions, etc.) ou sociale (encombrements, promiscuité) qui nuisent à la qualité de la vie.
Vu cette ambivalence du tourisme haïtien caractérisée, dans cet article, par la visite massive des étrangers et cette gamme d’opportunités d’affaires et d’emplois, il est indéniable que la nouvelle Haïti est possible, si L’Etat et les organisations de la société civile s’investissent dans ce secteur.
Éliphen Jean